La vie de l’huître 1 : la pose des tubes

« On a reçu mille tubes ».

Bien. Je n’avais qu’une vague idée de ce que sont mille tubes. J’en ai vu des secs, des cassés, des bons à jeter, à jeter d’ailleurs, mais je ne savais pas ce que ça voulait dire. Jusqu’ici, je suis le travail de l’huître à partir du naissain de 18 mois, qu’on nous livre de Charente. Pourquoi la Charente? Parce que ce sont des endroits qui contrairement à ici captent beaucoup les larves d’huîtres. En fait même, ils ont du mal à rendre des huîtres à terme, elles cessent de pousser, mais en revanche le naissain lui, pullule, à condition bien sûr qu’ils soit traité dans de bonnes conditions.

Nous n’avons par exemple, jamais jamais jamais de naissain d’écloserie.

Bref, les tubes.

Ils se présentent en palette, évidemment, plein de tubes d’environ 1 m de long, 2 cm de diamètre. Ils sont couverts d’huîtres d’un an. De toutes petites huîtres, plus petites que l’ongle de mon petit doigt. Elles se sont fixées sur ce support, et vont, nous l’espérons, croître sur les parcs.

Mais pour ce faire, plusieurs étapes sont nécessaires, et je me propose de vous faire suivre la vie de ce naissain, d’aujourd’hui à dans 18 ou 24 mois, quand elles seront commercialisables.

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Opération défagottage

Les tubes sont livrés en fagots de 20. Il faut les mettre un à un, et 5 par 5 en tant pour tant. La manipulation est délicate, il est impératif de ne pas blesser l’huître, ni la décoller du tube, donc moultes précautions.  Jean-Noël travaille mains nues, mais il a des gants naturels aux mains, ça ne compte pas. L’huître est coupante comme un rasoir. On défait les paquets, on pose les tubes sur le chaland et on va vers les tables. Elles sont juste devant le chantier, on descend du chaland, on est 4. L’eau affleure les cuissardes, une partie des tables est invisible.

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Les tubes sont déposés sur les tables, il va falloir les fixer pour qu’ils ne s’en aillent pas avec la marée. Ce sont des tubes plastiques, creux, légers. Chacun a sa bobine de ficelle bleue, assortie au ciel ce jour là. Un léger vent nous rappelle que nous sommes en janvier, le 30.

L’eau de mer est chargée des eaux de pluie, elle n’est pas transparente comme on aime. Alors, nous travaillons à l’aveuglette. Pliés en deux au-dessus des tables, nous passons la ficelle sous les montants pour faire un tour autour des tubes. J’ai l’impression de faire un droit fil sur un ourlet, à la place de mon aiguille, un couteau. Finalement, j’enlève mes gants,ils sont gonflés par l’eau et m’empêchent de sentir et même d’attraper la ficelle. Je me souviens alors qu’il sera nécessaire de faire mon rappel tétanos.

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Hyacinthe est plus fort que moi pour faire des noeuds avec les gants

Nous voilà trempés jusqu’aux coudes, vestes, pulls itou, mais ce n’est pas grave, l’eau n’est pas si froide que quelques jours avant, et puis le soleil c’est agréable. Nous parvenons à poser les mille tubes, sans être trop sûrs de savoir si on a fait comme il faut, tant on ne voyait rien sous l’eau. Hyacinthe est allé vérifier plus tard un jour où la marée est descendue, nous n’étions pas là, et oui, le travail a été bien fait.

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La rangée de tables aux mille tubes

Et après ça, devinez : on a pris un bon café bien chaud.

Et devinez encore? On a pas encore pu aller voir comment c’était.

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 Tu peux voir le vent, le ciel, l’eau trouble. La marée remonte il est temps de faire de même, le chantier est juste au fond, le rectangle blanc, on est pas loin.

Ce sont des photos téléphone, je ne vais pas travailler avec mon Apn. Pas toujours.

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