Label Huitre et puis c’est tout.

Un point sur les Labels

A votre place, je ne saurais plus où donner de la tête, ni des yeux. 

L’époque est floue. Pleine de contradictions, d’imprécisions et de méfiance. 

Je vais tenter de faire un petit résumé clair et concis (c’est mal parti !) sur ce que l’on peut dire des labels concernant les huîtres…

J’ai regardé vite fait sur la toile pour savoir quel.s label.s concerne les huîtres puisque c’est la partie qui nous intéresse (pour les moules il faudra aller lire ailleurs)

IGP, AOP, AB, Nature&Progrès, Ostréiculteur Traditionnel…

Le point commun des 3 premiers est qu’ils sont européens. Donc publics et collectifs. 

Elle est néanmoins délivrée par une certification participative de garantie : c’est un groupe de professionnels en exercice, d’adhérents et de volontaires qui s’en charge, lors de réunions où les demandes sont étudiées.

Ostréiculteur Traditionnel est une association.

Indication Géographique Protégée ou Appellation d’Origine Protégée déterminent un lieu et un savoir-faire. Pour la Marenne-Oléron, cela concerne la qualité de chair et l’affinage. Ni une origine de naissance, ni une qualité d’eau.

Il existe depuis peu (Janvier 2022) une IGP pour les huîtres de normandie .

Passons au label AB.

Il est sujet à caution parmi nous les Ostréiculteurs Traditionnels.

En effet, avec ce label européen, nous ne parlons plus de lieu, mais pas non plus d’origine de naissance. Trop permissif, il autorise les huîtres diploïdes d’écloserie. C’est à dire des huîtres aptes à la reproduction, mais nées hors sol, guère mieux que les triploïdes (huîtres dont le chromosome a été manipulé pour les rendre stériles et ainsi éviter la laitance estivale, grand moment de dégustation des huîtres sur nos côtes bretonnes)

En revanche, le label AB est draconien sur la qualité d’eau.

Il faut impérativement être dans un secteur où l’état écologique de l’eau est bon ou très bon.

ET/OU il faut être dans une zone classée A en terme de salubrité (la décision de ce classement se fait par les services de l’Etat en fonction d’une sommes d’analyses bactériologiques sur une durée longue).

Ce label demande donc un Plan Environnemental et un Plan de Gestion durable : en gros, la qualité d’eau et la façon dont l’entreprise gère ses bâtiments, ses outils, ses machines, ses bassins etc… tout ce qui pourrait concerner la toxicité à terre et la gestion des déchets par exemple.

Lors de l’audit annuel, toutes les factures sont mises sur la table, toutes les analyses, cartes et autres preuves nécessaires pour répondre à ces exigences.

La mention Nature & Progrès à laquelle nous tenons vraiment beaucoup car son cahier des charges est très exigeant dans ce qu’il nous paraît important de préserver : le savoir-faire, l’origine de l’huître, le respect de l’environnement et celui des humains qui travaillent dans l’entreprise. Il y a une « boussole NESO » que nous remplissons à la fin de chaque enquête qui dit bien la philosophie de la mention : Naturel, Environnement, Social et Origine.

L’aspect social ne s’arrête pas à l’entreprise. Lors des enquêtes et des commissions qui se font au cours de l’année, il y a des échanges entre producteurs d’autres produits, avec des consommateurs curieux, et à chaque fois ce temps d’échange est riche et nous reconnecte au monde.

Parce qu’il ne faut pas rêver, l’ostréiculture est un monde à part, chronophage, où l’on est capable de rester de longs mois « entre-soi » ou avec la mer et ses régimes de marée qui nous bousculent.

Il nous reste une dernière « marque » Slow Food, ou Sentinelle Slow Food, le label de coeur, dont la ligne directrice est « bon, propre et juste ».

Son cahier des charges ostréicole est adapté de celui de N&P, il est lui, mondial, puisqu’il concerne tous les pays et continents de notre belle planète.

Si le Label AB nous a été demandé par l’un de nos clients, il ne nous paraît pas suffisant. Il est un minimum exigible. Néanmoins, l’ostréiculteur ne maîtrisant absolument pas la qualité d’eau, il est difficile voire impossible à obtenir dans certaines zones, sans que la qualité d’eau de celles-ci empêche la consommation des huîtres. Nos bassins servent à cela, n’oublions pas que nous avons une obligation de résultat !

Pour résumer, avec ces logos qui parsèment nos bourriches, nous voulons certes garantir une qualité sanitaire (obligatoire pour tous) et gustative (très subjective !), mais nous défendons aussi grâce à cela une qualité de travail, une pérennité de savoir-faire traditionnel, une biodiversité riche et précieuse.

Puisque, vous l’avez deviné, si nous n’avons pas d’IGP ou d’AOP en Bretagne pour les huîtres, celles de Listrec sont AB, N&P, OT et Slow Food. Tout ça tout ça.

Un jour, nous trouverons un label ou une mention qui prendra en compte la nécessaire diminution des densités sur les parcs ostréicoles…

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