En janvier, nous avons posé les tubes (Voir ici, clic).
On peut s’attendre à une mortalité importante sur ces jeunes, très jeunes huîtres. Le naissain meurt entre 40 et 90%. C’est un pari sur l’avenir.
Je vais choquer si je dis qu’on est pas forcément contre cette mortalité… S’il n’y a pas de mortalité, avec la surenchère actuelle de pose de coupelles de captage, il y aura encore surproduction et qui dit surproduction dit surdensité, et qui dit surdensité dit : maladies.
Comme l’épizootie de 2008, où le naissain de 18 mois a souffert des mortalités. 90% de perte dans beaucoup d’entreprises.
Alors voilà, nous sommes convaincus que seule une production raisonnable, traditionnelle, comme l’élevage extensif dans le monde agricole, et non pas intensif, peut permettre de survivre.
Jean-Noël a l’habitude de dire : s’il y a trop d’huîtres sur un parc, il n’y a pas assez à manger pour chacune d’elle.
L’huître se nourrit de l’eau qu’elle filtre, n’oublions pas.
Bref, je suis allée voir, au retour du Sénégal, comment se portaient les mini bestioles sur leurs tubes.

Sur cette photo, on voit trois huîtres collées entre elles. Le léger liseré blanc est ce qu’on appelle « la pousse ». C’est la coquille de l’huître en formation.
Dans les poches, les huîtres de 18 mois en pousse, font un bruit de grelot quand on tourne délicatement la poche. Cette pousse est précieuse, on manipule très précautionneusement l’animal.
Coupante comme un rasoir, la pousse est très fragile.
L’hiver a été long.
L’eau de pluie abondante.
La chaleur, euh qué chaleur?
Bref, comme en hibernation, on attendait impatiemment le réveil de la nature. L’eau plus froide de deux degrés que les normes de saison, ont reculé le moment où la vie devait reprendre son cours. Les huîtres aurait du commencer leur laitance en mai. Cette période qui marque le début du cycle de reproduction, qui rend les huîtres laiteuses. On ne mange d’huîtres que les mois en « R » disent les anciens, ils avaient raison.
Nous évitons de bousculer les huîtres pendant cette période, elles sont aussi fragiles.
Nous commercialisons beaucoup moins, voire pas du tout.
Sur les parcs, le paysage change.
La végétation marine s’installe.
On voit que, fin mai, la pousse croît.
On constate aussi, que l’huître donne l’impression de se décoller du tube.
Elle monte, en corolle quasiment, elle adhère au tube sur une toute petite surface, qu’on appellera « talon » quand elle sera adulte. Ce talon garde souvent la marque du support. Parfois, on devine un coquillage, un caillou, le dessin d’une coupelle.

Dans les poches, du 18 mois, qui chante.
La pousse se voit bien aussi. C’est une vision qui fait plaisir, on aime se promener entre les tables et voir les huîtres grandir.

Le printemps, c’est dans les jardins, mais aussi en mer.
Cette végétation est inoffensive mais il est préférable de retourner les poches, pour éviter la prolifération des mousses qui bouchent les mailles, empêchent l’eau de passer, et permettent le dépôt de vase.
Un peu de couleur dans toute cette grisaille de printemps maussade, ça fait du bien, non?
Bon, pour une trop rare fois, j’ai pris le temps de te lire.
dis donc, quelle culture tu acquiers!
Très intéressant, vraiment.
En plus, tu écris bien, agréablement, on sentirait presque l’iode dans nos montagnes et on est toute ouïe pour entendre les sternes, les mouettes et toute leur parentèle!
Bravo!